La graisse brune permettrait-elle de maigrir sans effort ? Cette graisse qui, pour nous réchauffer, brûle des calories en puisant dans les graisses blanches, est étudiée par de nombreux chercheurs dans le monde entier depuis qu'une incroyable découverte a été faite à son sujet... une découverte aussi intéressante pour notre ligne que pour notre santé : on vous dit tout !
1. Qu’est-ce que les graisses brunes ?
Avant de vous dévoiler cette découverte, je me permets d'insister sur l'incroyable potentiel de cette matière. La graisse brune est un tissu adipeux (de la graisse en somme) tout comme la graisse blanche. A un détail près : la graisse blanche stocke les calories en excès alors que la graisse brune les brûle. Et oui : les graisses brunes sont les alliées de notre ligne contrairement aux graisses blanches que l’on connait trop bien sous le nom de graisse abdominale, poignées d’amour ou encore cellulite…
Le rôle des graisses brunes est de produire de la chaleur pour maintenir la température corporelle : elles possèdent pour cela des mitochondries à l’origine de leur couleur. Ces mini usines thermiques fabriquent l’énergie grâce à la protéine UCP1 à partir de glucose et d'acides gras libres, ces derniers provenant de la lipolyse (destruction des graisses blanches). Lorsque les graisses blanches « libèrent » leur stock de triglycérides, une hydrolyse va alors décomposer les triglycérides en glycérol et en acides gras libres. Le glycérol peut être transformé en glucose (sucre), ce qu’on appelle la néoglucogenèse. Bref on peut faire du sucre à brûler à partir du gras stocké ! A condition que le stock de glucose dans les muscles et dans le foie soit consommé, ce que les graisses brunes (et l’exercice physique et le jeûne) contribuent également à faire.
On pensait que seuls certains animaux (ceux qui hibernent) et les nouveau-nés possédaient des graisses brunes et que ces dernières disparaissaient chez l’adulte. Mais ça, c’était avant cette incroyable découverte qui a considérablement ouvert le champ des possibles !
2. La découverte sur les graisses brunes qui a tout changé
En 2002, des chercheurs ont mis en évidence des zones de tissus adipeux brun chez plusieurs adultes. Les graisses brunes étaient principalement localisées près des clavicules et le long de la colonne vertébrale. Cette découverte montre donc que la graisse brune ne disparaît pas nécessairement avec l’âge :
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*Brown Adipose Tissue = graisses brunes
« Depuis 2002, des travaux sans rapport avec la médecine nucléaire ont produit des résultats inattendus qui remettent en question l'idée que l'homme adulte ne possède pas de tissu adipeux brun actif. Ces résultats indiquent que le tissu adipeux brun est bel et bien présent et actif chez (au moins une fraction significative de) l'homme adulte et peut donc être considéré comme un organe d'importance physiologique et pharmaceutique même chez l'homme adulte. » (1)
3. La découverte des graisses beiges
En 2012, nouveau rebondissement : le Dr Spiegelman et son équipe du Dana-Farber Cancer Institute de Harvard (Etats-Unis) démontrent qu'une partie des graisses brunes chez l’adulte n’auraient pas la même origine que celles présentes chez les nouveau-nés. Elles seraient en fait des graisses beiges :
« Nous avons identifié une troisième variété de cellules graisseuses. Il y avait les blanches et les brunes, et maintenant, on sait qu’il en existe un autre type, beige, présent chez presque tous les êtres humains » (2)
Les graisses beiges sont des cellules de graisse blanche converties en cellules de graisse brune. On parle alors de brunissement de la graisse blanche. Mais attention : contrairement aux cellules de graisses brunes qui sont actives sans condition (mais qui peuvent aussi êtr stimulées), les cellules de graisses beiges ont besoin d'être activées. Mais comment ? me direz-vous. Sous l’effet d’une hormone appelée irisine, principalement activée par l’exercice physique à haute intensité (HIIT). Ou alors en réponse au froid.
4. Le froid pour activer le brunissement des graisses blanches
Si vous souhaitez maigrir sans effort, c’est donc techniquement possible mais il va falloir baisser la température !
Selon Abdul Dulloo, Spécialiste du métabolisme des graisses à l’Université de Fribourg, il suffit de baisser la température d'une pièce de 22 à 18 degrés pendant 1 heure ou 2 pour que les graisses brunes et beiges s’activent. (3)
Une étude a été menée à ce sujet par le Dr Carpentier et son équipe : six hommes ont été passés sous scanneur (Tomographie d'Emission par Positrons, aussi appelé TEP ou PET-scan en anglais) pour évaluer la consommation d'énergie, de glucose et de gras sanguins de leur graisse brune. Leur température cutanée a ensuite été abaissée de 3,8 degrés Celsius - à la limite du frisson - pendant trois heures. Leur dépense énergétique a alors augmenté de 250 calories. (4)
Cette étude souligne qu'exposer des individus sains au froid active les fournaises de leurs graisses brunes. Et que ces graisses brunes se mettent alors à brûler plus de gras et de sucre.
"On estime qu'un adulte possède 63 grammes de graisse brune dans le corps, qui brûle l'équivalent de 4,1 kilos de graisse par an", affirme à la RTS Mirko Trajkovski, professeur au Département de physiologie cellulaire et métabolisme de l'Université de Genève (UNIGE). (3)
Si cet effet est proportionnel à la quantité de graisses brunes (ce qui reste à confirmer par les études à venir), cela voudrait dire qu'un homme moyen (soit un IMC compris entre 18 et 15 et âgé de 18 à 35 ans) avec 300 g de graisses brunes (soit la fourchette haute, la fourchette basse se situant autour de 50 g de graisses brunes par personne) pourrait brûler jusqu'à 20 kg de graisse pure par an, soit 1,6kg par mois ! Une femme, quant à elle, avec 170 g de graisses brunes pourrait brûler jusqu'à 11 kg de graisse pure par an, soit presque 1 kg par mois !
Petit apparté : la perte de poids comprend de la graisse, de l’eau et de la masse maigre, musculaire voire osseuse. D'après les données existantes, un régime entraîne en moyenne une perte de 70% de gras, 10% de protéines (de la masse maigre et du muscle, donc) et 20% d'eau. Donc quand on dit 1.6 kg de graisse pure par mois c’est un équivalent perte de poids d’un régime traditionnel de 2.3 kg.
D'après une autre étude, 50 g de tissu adipeux brun stimulés au maximum pourraient représenter jusqu'à 20 % de la dépense énergétique quotidienne d'un humain adulte ! (5)
L'activation des graisses brunes pourrait également éviter les fringales. Brûle-graisse et coupe-faim : la graisse brune ressemble bel et bien à une alliée de poids pour votre silhouette !
D’autres pistes que nous creusons/creuserons ensemble dans ce blog pour favoriser les graisses brunes et la perte de poids associée sont l’augmentation endogène de la testostérone (surtout chez l’homme mais intéressant également chez la femme), l’alimentation pro-graisses brunes, le jeûne intermittent, le rôle de compléments alimentaires dans le processus, ou encore une approche psycho-physiologique pro-graisses brunes !
La communauté scientifique internationale continue chaque jour de creuser le sujet des graisses brunes. Comment augmenter la masse de graisse brune dans le corps ? Comment augmenter son activité pour augmenter la dépense énergétique quotidienne et ainsi brûler plus de graisse blanche ? Ces deux questions sont au cœur des recherches actuelles avec à la clé un espoir pour mieux prévenir l’obésité, le diabète, l’hypertension et les maladies cardiovasculaires.
(1) Jan Nedergaard, Tore Bengtsson, and Barbara Cannon. 2007. Unexpected evidence for active brown adipose tissue in adult humans.
(2) Jun Wu, Pontus Boström, Lauren M. Sparks, Sven Enerbäck, Patrick Schrauwen, Bruce M. Spiegelman. 2012. Beige Adipocytes Are a Distinct Type of Thermogenic Fat Cell in Mouse and Human.
(3) D'après une interview réalisée par la RTS "La graisse brune offre un nouvel espoir pour la perte de poids".
(4) Véronique Ouellet, Sébastien M. Labbé, Denis P. Blondin, Serge Phoenix, Brigitte Guérin, François Haman, Eric E. Turcotte, Denis Richard, and André C. Carpentier. 2012. Brown adipose tissue oxidative metabolism contributes to energy expenditure during acute cold exposure in humans.
(5) Rothwell NJ, Stock MJ. Luxuskonsumption, diet-induced thermogenesis and brown fat: the case in favour.Clin Sci (Lond) 1983 ;64 :19-23.